Quand le cinéma nous décrit la fin d’une relation de couple

Cinéma

L’Economie du couple, de Joachim Lafosse (2016)

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Après 15 ans de vie commune, Marie et Boris se séparent. Or, c’est elle qui a acheté la maison dans laquelle ils vivent avec leurs deux enfants, mais c’est lui qui l’a entièrement rénovée.

A présent, ils sont obligés d’y cohabiter, Boris n’ayant pas les moyens de se reloger. A l’heure des comptes, aucun des deux ne veut lâcher sur ce qu’il juge avoir apporté.

Ma lecture du film en tant que Conseillère Conjugale et Familiale.

Comme le disent les thérapeutes Nicole et Bernard Prieur dans leur livre[1], «Lors des séparations, l’argent devient une véritable arme de guerre (…). Quand on a le sentiment de ne plus compter, pour ceux qui comptent, ou ont compté pour nous, le sentiment d’injustice lié à l’absence de reconnaissance s’installe. »

En filmant le couple Boris et Marie, dans cette période de cohabitation, Joachim Lafosse met très bien en lumière l’attente de reconnaissance, dans lequel  chaque membre du couple est. Cette attente vire à l’obsession.

Marie souhaite que Boris reconnaisse que son salaire régulier a permis de combler les fins de mois quand c’était nécessaire, ce qui leur a permis de continuer à vivre dans cette maison. De son côté, Boris souhaite que Marie reconnaisse que c’est grâce à lui, et à sa capacité à faire des travaux, que la maison est comme elle est aujourd’hui.

Alors qu’il existe des unités de mesure permettant de définir le temps, les masses, les distances, comment évaluer cette « juste » reconnaissance ?

Dans l’histoire de Marie et Boris, c’est la valeur de la maison qui, en devenant le centre du conflit, permettra de donner la valeur sous-jacente a cette juste reconnaissance attendue. La valeur de la maison vient réparer les déceptions et les rancœurs accumulées.

Le film « L’Economie du couple » nous montre qu’une juste reconnaissance est d’autant plus difficile à évaluer que chacun aborde le conflit sur la maison à travers le prisme de sa propre histoire familiale.

En utilisant les mots « capitaliste » ou « valeur travail », Boris fait intervenir son éducation dans le conflit. Il invite aussi le rôle du père de Marie dans leur histoire. Il lui rappelle que la maison n’aurait jamais pu être achetée sans le père de Marie ; elle lui réplique qu’elle n’a jamais pu compter sur son père.

Lors d’une dernière scène du film, Marie s’endort en tenant la main de Boris. Cette scène vient en écho avec une scène du début du film où le spectateur voit Marie ne pas réussir à tenir la main de Boris. Le conflit semble temporairement apaisé, mais la séparation inévitable selon le réalisateur.

L’écoute bienveillante d’une Conseillère Conjugale, leur aurait permis de nommer les émotions par lesquelles ils sont traversés pendant leur cohabitation. Nommer ses émotions permet souvent d’entamer une réflexion et d’arrêter les pensées qui tournent en boucle. Cela aurait pu permettre de créer un espace de dialogue sécurisé, de créer un lieu d’échange propice à l’accueil de l’expression de leurs vraies attentes respectives.


[1] « La Famille, l’argent, l’amour. Les enjeux psychologiques des questions matérielles » de Bernard et Nicole Prieur. Parution 2 Novembre 2016, Edition Albin Michel, 272 pages.

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